Je profite de ce jour férié de la Toussaint pour passer par là et prêcher mes amis. Pendant qu'une pluie s'abat sur les feuilles jaunies de l'automne, et que le sol, jonché des cadavres de la nature et des douceurs des démons d'Halloween, rend périlleux toute sortie à l'air pollué, voilà que les seins auxquels on se voue sont contaminés d'un poison F². L'équation est la suivante : F + FF/F x FiFa ( x² + 2.0) = Un joli caca en or. Et si l'argent n'a pas d'odeur, alors je présumé qu'il en va de même pour l'or.
Oyé oyé, amis du ballon rond, la liste, celle que j'attendais il y a quelques années mais qui me fait marrer aujourd'hui est tombée ! On les a, les 23 joueurs en lice pour le ballon d'or, et en prime, dans ce sport collectif où l'on aime mettre en avant les individualités sur des critères, non pas subjectifs mais complètement inconnus, incohérent, inconséquent - faites votre choix -, les entraineurs ont désormais leur part de gloire. Brillant. Jetons un œil aux deux listes, en commençant par celle des joueurs:
Eric Abidal (France, FC Barcelone), Sergio Agüero (Argentine, Manchester City), Karim Benzema (France, Real Madrid), Iker Casillas (Espagne, Real Madrid), Cristiano Ronaldo (Portugal, Real Madrid), Daniel Alves (Brésil, FC Barcelone), Samuel Eto'o (Cameroun, Anji Makachkala), Cesc Fabregas (Espagne, FC Barcelone), Diego Forlan (Uruguay, Inter Milan), Andres Iniesta (Espagne, FC Barcelone), Lionel Messi (Argentine, FC Barcelone), Thomas Müller (Allemagne, Bayern Munich), Nani (Portugal, Manchester United), Neymar (Brésil, Santos), Mesut Özil (Allemagne, Real Madrid), Gerard Piqué (Espagne, FC Barcelone), Wayne Rooney (Angleterre, Manchester United), Bastian Schweinsteiger (Allemagne, Bayern Munich), Wesley Sneijder (Pays-Bas, Inter Milan), Luis Suarez (Uruguay, Liverpool), David Villa (Espagne, FC Barcelone), Xabi Alonso (Espagne, Real Madrid), Xavi Hernandez (Espagne, FC Barcelone)
Voici celle des entraîneurs:
Vicente Del Bosque (Espagne, équipe nationale d'Espagne), Alex Ferguson (Écosse, Manchester United), Rudi Garcia (France, Lille), Josep Guardiola (Espagne, FC Barcelone), Jürgen Klopp (Allemagne, Borussia Dortmund), Joachim Löw (Allemagne, équipe nationale d'Allemagne), José Mourinho (Portugal, Real Madrid), Oscar Tabarez (Uruguay, équipe nationale d'Uruguay), André Villas-Boas (Portugal, Chelsea), Arsène Wenger (France, Arsenal)
On me dira, que c'est un choix subjectif, que chacun aurait souhaité y voir ses petits chouchous, et ce n'est pas totalement faux. Néanmoins, il y a - avait - du temps du Ballon d'Or avec un grand O, avant que la Moldavie, le Lichtenstein, le Kazakhstan et d'autres furent amenés à se prononcer avec une voix pesant le même poids que celle de la France, ou de l'Italie, avant surtout que la Fifa ne viennent mettre son foutu nom dessus et ses foutues règles, des critères objectifs. Il s'agissait:
- D'avoir réalisé une grande saison
- D'avoir été fair-play
- D'avoir un talent exceptionnel
- D'être charismatique
- D'avoir gagné des trophées.
(L'ensemble des critères devant être bien entendu cumulés)
Partons de là si vous le voulez bien. Premier nom de la liste, dans la catégorie "Meilleur retour sur un terrain de foot après un cancer", Eric Abidal. On veut donc nous expliquer que parce qu'il a eu une tumeur, il fait partie des 23 meilleurs joueurs du monde? Abidal? Sérieux? Je me suis dit dans un premier temps que le onze du Barça était dans la liste, et que FF avait considéré que tous les joueurs barcelonais méritait d'être dans la liste; une volonté de fêter un collectif exceptionnel. Puis j'ai vu que Puyol, le patron de la défense catalane n'y était pas. Je me suis ensuite dit que, de par la structure Fifa de la liste - 23 joueurs et non plus 50, ce qui limitait sérieusement le nombre de conneries -, qui est censée ressembler à la liste d'une sélection, il fallait doubler les postes et avoir deux arrières gauches. Mais en regardant les noms suivants, j'ai vite constaté qu'il n'y avait que 2 ou 3 défenseurs, selon que l'on considère ou non Daniel Alvès comme un défenseur, et 1 seul gardien. A ce moment-là, je comprends qu'on me dit qu'Abidal est l'un des deux meilleurs défenseurs du monde. Je pose la question, Thiago Silva, objectivement, n'est pas plus talentueux qu'Abidal? Il n'a pas fait une excellente saison? Il n' a pas gagné de trophée? Il n'est pas plus charismatique qu'Abidal? Mois fair-play peut-être? Et Puyol? Et Vidic? Et Cole? Et Marcelo? Et d'autres encore. Je pense qu'on peut crier "cocorico". Et remercier la rédaction de France Football qui établit la liste.
Deuxième nom, Sergio Agüero. Le talent, ok. A part ça? Une qualification pour l'Europa League avec l'Atletico Madrid qu'il a quitté en rappelant qu'il n'était pas un supporter de l'Atletico Madrid mais bien de l'Independiente, et que de fait aller jouer au Real ne lui aurait posé aucun problème. Une Copa America, mauvaise, comme celle de toute son équipe. Une dernière saison à 20 buts, oui, bon ok. Dans le même temps, Falcao a fait une Copa America de meilleure tenue, a gagné le championnat portugais, la coupe du Portugal, et l'Europa League, meilleur buteur de l'Europa League. Il est absent - comme d'ailleurs tous les joueurs de Porto. Mario Gomez qui avec Robin Van Persie présente chacun ratio de buts supérieur à Aguero - même à Messi, en fait seul Cristiano Ronaldo fait mieux qu'eux - et n'ont pas moins gagné que lui, absents. Donc Agüero est là pour son début de saison avec City. Malheureusement, même en partant sur cette base-là, Van Persie, c'est mieux, mais je suis gentil, je vais concéder qu'il n'est pas leader du championnat, et toutes les autres bêtises sur Arsenal. Gomez, lui est déjà à 12 buts, et dans mes souvenirs, en a mis deux quand Aguero et son équipe se sont déplacés à l'Allianz Arena.
Troisième nom, Karim Benzema. Je suis lassé de commenter. Pire que pour Aguero. Contentons-nous de dire "cocorico".
Bref. Voilà ce qu'est devenu le ballon d'or, un vulgaire truc de stars, sans fondement. Cela ressemble au Teen Choice Award, on sait que Bieber sera toujours dans la liste, qu'il gagnera probablement, et cela peu importe s'il continu de chanter de la merde. Encore une fois, après je m'arrête là, que l'on m'explique ce que Fabregas - joueur que j'adore - fout dans la liste. Il a passé sa saison blessé avec Arsenal, n'a rien gagné, est remplaçant en équipe d'Espagne, a plombé son équipe au Nou Camp... Bref.
Chez les coachs, c'est tout aussi marrant. Rudi Garcia est dans la liste. Wenger aussi. Coooooocoooooooriiiiiicooooo ! Massimo Allegri, champion dans un championnat plus relevé, absent. Mais j'accepte d'être trop subjectif au point de ne pas comprendre ce que fait Rudi Garcia dans le top 10 mondial présumé des coachs pour la saison 2010-2011; dans le top 10 mondial en fait. J'ai l'impression, que sur Wenger - que j'adore - je suis plutôt objectif. Wenger, c'est le coach dont l'équipe joue dans le même championnat que celle de Roberto Mancini, non? Wenger, c'est le coach dont l'équipe s'est lamentablement effondrée en championnat après avoir lamentablement perdu en finale de la Carling Cup, contre une lamentable équipe de Birmingham, au point d'avoir fini lamentablement quatrième en serrant les fesses? Et Mancini, il n'a pas fini troisième l'an passé? Il n'est pas largement leader de la Premier League? Il n'a pas gagné la Cup contre United l'an passé? Il n'a pas transformé une somme de joueurs en une équipe jouant - et plutôt bien - au football? J'imagine que Joachim Löw est dans la liste, parce que l'Allemagne est au top. Très bien, je suis totalement d'accord avec ça. Mais ce n'est pas le cas de Bert Van Marwijk avec les Pays-Bas? Mais après tout, c'est de sa faute, quelle idée d'avoir un nom imprononçable.
Eden Hazard a parlé du ballon d'or dans la Gazetta dello Sport ce matin. Comme tout le monde devrait le faire, il a rappelé que l'an dernier Sneijder aurait dû avoir le ballon d'or - rappelons que si le vote n'avait eu lieu que selon les critères FF, donc le vote des journalistes, Sneijder qui au final ne s'est pas retrouvé dans les 3 finalistes aurait gagné le trophée... alors que rien cette année ne justifie sa présence. Idem pour Forlan. Et pour d'autres. On choisit donc les joueurs en se demandant lesquelles auront le plus de succès à l'applaudimètre imbécile des supporters de foot. La réalité du terrain, de la saison, on s'en fiche. Et puis il a cité deux joueurs qui aurait dû l'avoir, Henry et Giggs. Deux joueurs qui ont duré et ont eu de la constance dans leurs performances, une manière de dire que la récompense n'a qu'une justice limitée. Puis il a cité les deux milieux de Barcelone, sans qui Messi n'est pas Dieu, et qu'il n'a pas réussi à naturaliser argentins.
De toute façon, le football, dès qu'on oublie que c'est un sport collectif...
Junichi.
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