vendredi 6 mai 2011

Une humeur...

Je vais commencer par une anecdote. Je devais avoir entre 13 et 14 pas plus, pas moins, un soir d’avril. J’ai été invité à une boom d’une fille que je ne connaissais pas, mais apparemment, ma présence à cette soirée était de celles qui étaient indispensable. Ouais, je contribuais à rendre sa soirée « in ». La garce, elle n’avait même pas penser à inviter sa meilleure ami, une « no life » qui parce qu’elle était justement une « no life » lui avait fait tous ses cartons d’invitations. Une sorte de traiteur, « livre et casse-toi ». Bref, le décor est posé, j’en viens à l’anecdote. Il y avait deux garçons qui couraient après la même fille. Un plutôt beau gosse, il faut donc comprendre : ensemble lacoste vert, banane, casquette, chaussettes, chaussures, tout. L’autre, en pleine puberté, la voix encore hésitante sur sa mue finale, les dents pleines de ferrailles, bref, le bon pote. Au moment du slow, le « beau » plein d’assurance s’est levé, a invité la fille canon de l’époque, il faut donc comprendre : des seins bien formés, un string, et un petit air « slut » qui aujourd’hui doit sûrement lui être inutile. Elle a dit oui, il l’a pécho en lui fourrant sa langue aussi loin que possible. Quelques idiots ont crié « whouhou », j’en faisais partie. Puis j’ai vu le boutonneux, un peu triste, il me faisait pitié. En fait, il m’avait toujours fait pitié, ouais, la vie est parfois injuste et jonche le parcours de certains d’un nombres d’obstacles… m’enfin, là il était triste, et j’sais pas, je me suis dit que je devais aller lui parler. 
 
-          - Ca va ou quoi ?
-          -Putain, si j’m’étais levé avant lui, c’est moi qui l’aurait pécho.
-          -Tu crois ?
-          -Elle a pris le premier, c’est tout.

Il avait tout faux. S’il s’était levé le premier, elle aurait feinté un « repoudrage » de nez, un sms sur son portable Alcatel, un début surprise de règle. Avec le recul, il est vrai qu’elle avait la dalle, mais soyons sérieux, il n’avait aucune chance. Il ne comprenait pas que ce qui marchait pour un autre ne fonctionnait pas forcément pour lui.

Tout ça pourquoi ? Christophe Dugarry a voulu défendre son pote Laurent Blanc en sortant cette phrase de Lilian Thuram prononcée en 1998, « venez les blacks, on prend une photo entre nous », où quelque chose comme ça. Et il dit, « si nous on avait dit ça… », donc comprendre, « venez les blancs… ». Bon je reconnais que l’anecdote – la mienne – est pourrie, mais ce qui s’applique à l’un ne s’applique pas forcément à l’autre. C’est injuste ? Pas tant que ça.

Premièrement, cela reviendrait à comparer la position des noirs de l’Equipe de France en 1998 à celle des blancs. Lama, Henry, Diomède, Dessailly, Thuram, Vieira. Voilà, je les ai tous cité, ils étaient six. Autrement dit, à six ils représentaient l’image que je grossis d’un petit groupe de parvenus qui a réussi à s’intégrer dans une autre « communauté », ont remporté une guerre, et en sont fiers. Forcément, si Leboeuf dit « venez les blancs », il exclut de facto la minorité visible. Mais là encore, Dugarry, sait-il seulement ce que c’est, qu’être une minorité visible. Peut-on imaginer un seul instant, aujourd’hui, un joueur dire « Venez les blacks » ? Je ne le pense pas. 

Deuxièmement, j’ai un jour lu la biographie de Marcel Dessailly, le noir le plus blanc de France, qui parle de ce groupe de « black » que tout le monde appelle ainsi. C’est un groupe de jeune, qui passe son temps à écouter de la musique, à chambrer, et parfois, Deschamps lui dit « oh Marcel, tu fais quoi avec les jeunes ? ».  Dans ce cas de figure, et je n’en sais rien, peut-on reprocher à un groupe qui s’est apparemment constitué sur des affinités particulières de faire une photo de groupe ? Je n’en sais rien.
 
Ce que je sais c’est que tout ce que j’ai écrit plus haut est inutile tant ceux qui accusent Thuram X ou défendent Blanc se trompent de sujet. Thuram ou les autres ont tous dit que Blanc n’était pas raciste. Et la question aujourd’hui n’est pas de savoir s’il est raciste ou non. La question est de savoir si l’idée de quotas sur des gamins de 12-13 ans, voire même l’idée de quotas tout court est acceptable. Et là, personne, surtout pas Dugarry ou Lizarazu, ni même Jacquet ne veut répondre à cette question. Guy Roux y a répondu par un « on en profite plutôt bien quand même ». On est d’accord, on n’est pas d’accord, il y a répondu.

Junichi.

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