vendredi 25 février 2011

Tu te barres ou je te barre ?



J’ai été réveillé ce matin à 8h25 par ma chaine hi-fi, je crois que c’est encore comme cela que cela s’appelle en 2011. Et le réveil fut dur, déjà parce qu’il était 8h25 et que je suis dans un état de fatigue avancé et que je me suis couché à une heure avancée après avoir été retardé par un coup de fil pas planifié. Surtout parce que se faire réveiller par une chaine à fond, avec Johnny qui chante Gabriel, ne pas avoir la télécommande, devoir se lever et appuyer sur un bouton « stop » qui vous nargue et refuse de fonctionner, c’est juste une torture. Et là je me suis dit, « sérieux Johnny, t’en a pas marre de chanter Gabriel en concert » ? Comme si l’idole des jeunes aujourd’hui vieux avait peur du vide. « T’inquiètes mon pote, avec tous les tarés qui se sont tatoué ton visage sur le corps, personne ne t’oubliera ». Puis j’ai pensé à cette scène culte d’OSS 117 , où Moller dit à Lokhtar : « tu te tais où je te tais, tu es toléré ici ».


Le lien est pour moi évident, et s’il ne l’est pas pour vous, faites un effort, mais j’ai pensé à toutes ces légendes qui refusent de raccrocher les crampons, et qui polluent leurs clubs de leur aura déclinante. En fait, c’est un phénomène assez italien dans le genre. J’ai vu Pippo Inzaghi, 38 ans, qui malgré une rupture des ligaments croisés à réussi à prolonger son contrat au Milan. Je ne sais pas qui du club ou du joueur est fautif dans cette situation, quoique le cas du Milan est assez particulier. Là bas on célèbre les vieux comme Berlusconi célèbre la jeunesse, et finalement les joueurs arrêtent de jouer quand bon leur semble. Maldini fut à une signature près de prolonger d'un an son engagement avec le club milanais. Alors allons à Turin du côté de la Juventus, où Del Piero est encore un seigneur. Il n’avance plus, n’est même pas bon, mais il joue, tire les coups-francs, les corners, les penalties. Capitaine lorsqu'il est titulaire. C’est la star, l’icône, la légénde, et il n’a pas l’intention de s’arrêter maintenant. « Je veux continuer à m’exprimer tant que je joue à un certain niveau », clairement, le garçon veut jouer jusqu’à 40 ans. Il y a quelques jours d’ailleurs il négociait  un nouveau contrat avec le club turinois. Autre exemple, celui de Francesco Totti. Certes, il lui arrive désormais de commencer certains matchs – j’ai bien dit certains – sur le banc de touche, mais entre nous c’est là une logique sportive qui s’exprime. Totti, la légende, l’icône, l’intouchable. Tant qu’il ne dira pas stop de lui-même, il jouera, pour le plus grand bonheur des nostalgiques et de tous ces romantiques –parfois je peine à différencier les deux – qui rappelleront à qui veut l’entendre que « ces joueurs là au moins sont restés fidèles ». Yep. Même si j’ai toujours pensé que la fidélité devenait une réelle épreuve au bout de la 25e année, c’est un autre sujet.

Soyons d’accord là-dessus, je n’ai rien contre ces joueurs, ni contre la fidélité envers un club, ni contre le fait de jouer jusqu’à fatiguer. Je pense même que cela n'est pas une question d’argent. Simplement, ces joueurs tuent le football italien, et moi, ça ne me laisse pas indifférent. L’Italie et le calcio sont des « leading lights » de l’histoire du jeu, et voir ce football mourir me tue. Si le football français n’est pas au top aujourd’hui il va se relever, parce qu’il produit des joueurs, ce qui l’Italie ne fait plus. Et ça ce n’est pas une question d’argent, juste de mentalité.

Un garçon comme Giovinco, bourré de talent – j’ai failli dire plus talentueux que Gourcuff, mais j’ai eu peur que l’on me taxe « d’anti », ce qui n’est pas le cas » joue aujourd’hui à Parme. Parme ! Ce joueur de 23 ans, a dû quitter la Juve parce qu’il était en concurrence avec papy Del Piero, et qu’entre le talent du jeune et l’aura du vieux, le choix d’effectue toujours au détriment du premier. On ne s’en rend pas forcément compte, mais s’imposer comme est en train de le faire Jeremy Menez à 23 ans dans le Calcio est juste énorme. La Série A est un championnat pour "vieux" avec un moyenne d’âge de 27,5 ans, seul Chypre possède une moyenne d'âge plus élevée avec 28 ans et les 4 grands clubs italien ont une moyenne d’âge supérieur à la moyenne nationale.

Est-ce si dur d’expliquer à Del Piero qu’il doit laisser la place ? Je ne sais pas. On a bien réussi à faire comprendre à Raul et Guti qu'il était temps, non? Si encore il avait le même niveau de performance qu’un Giggs ou un Van Der Sar – qui lui est encore là parce que Ben Foster est nul – on pourrait expliquer sa présence. Alors oui, parfois il met quelques buts, mais Jordan mettrait toujours quelques paniers s’il jouait encore en NBA, Sampras mettrait bien quelques jeu à Federer, moi je donnerais toujours quelques leçons à PES – je suis retraité du jeu depuis peu – parce que le talent reste. Non, vraiment, j’affiche une mine désolée à chaque fois que je vois Gattuso et Ambrosini sur le terrain. Je rêve d’un dirigeant italien qui mettra fin à cette tournée des stars des années 90 ; Parce que si je me suis focalisé sur Del Piero et les « gros » clubs italiens, on retrouve les mêmes problèmes dans les autres clubs. Faites place aux jeunes !

Et enfin, une pensée pour notre légende française à nous, notre icône, Thierry Roland. Va-t-en Thierry au volant de ta 2 CV vers une retraite paisible quelques parts dans les terres du sud. Va donc profiter du soleil et du bruit clair de l’eau au bord d’une maison que ta grasse retraite te permettra de border de fleurs aux odeurs douces et sucrées. Va et soulage-nous du son de ta voix et de tes anecdotes de l’autre siècle, marche dans les pas de ton copain Jean-Michel et si tu peux emmène avec toi Jean-Marc Ferreri loin de nos postes de télévisions, loin de tout micro, loin du football.

Junichi.

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