Bravo Raymond

Je ne sais pas si cela vaut encore la peine de retourner sur ce qui s'est passé en Afrique du Sud l'été dernier. Tout et n'importe quoi a été dit, et depuis, on prend un malin plaisir à opposer les « milliardaires » du foot aux autres sportifs « bien éduqués qui représentent parfaitement les valeurs de la France ». Zemmour dirait, « c'est un fait logique, avec le nombre de noirs – RD ayant « évacué » le problème des maghrébins avant le début de la compétition - présents dans cette équipe de France, on ne pouvait pas raisonnablement s'attendre à autre chose ». Et pensez maintenant que le meilleur élément blanc de l'équipe est un converti musulman qui a l'audace de fréquenter les prostituées. C'est bien connu, hormis Berlusconi et les footeux, personne ne fréquente les prostituées, ou au moins tout le monde prend la précaution de leur demander leur carte d'identité, une quittance de loyer et une déclaration sur lhonneur.

Je ne sais pas si revenir sur ces évènements en vaut la peine, mais aujourd'hui, Raymond a parlé, enfin. Huit mois plus tard, la tête reposé, Raymond, nouveau coach des poussins ou benjamins de l'ACBB est revenu dans un entretien exclusif accordé à l'Express sur « les évènements de Knysna », et sur rien d'autre car parler de football n'a aucun sens. Ce n'est pas ce que les français attendent, eux et leur culture sportive si riche. Son interview il aurait pu la donner à Gala, c'eût été la même chose. De quoi parle t-il? De rien. Si, il dit: « Quant à Roselyne Bachelot... Moi, je ne me suis jamais occupé de vaccins. Lorsque je ne suis pas compétent, je me tais ». Et v'lan, dans les dents Rosy ! Il a pas tort, à voir la manière dont elle a essayé de nous refourguer ses vaccins pourris, la manière dont son pote Eric W. trempe dans des trucs pas nettes, la manière dont sa copine Michèlle AM copine avec des gens pas fréquentables,etc. On se dit que les caïds sont plus en costume et en tailleurs qu'en short. Pour le reste, rien, le néant. En même temps fallait-il s'attendre à autre chose de la part d'un homme qui élude toujours le véritable fond du problème, et d'un journaliste sûrement pas compétent.

Moi Raymond, je le jalouse. C'est homme a une bonne étoile au-dessus de sa tête, et s'il se revendiquait croyant, alors il me convaincrait que son Dieu est le bon. S'il est chrétien, Raymond a dit « Alléluia » le jour de sa nomination à la tête de l'Equipe de France. Lui, le coach qui a eu des générations exceptionnelles entre les mains, lui qui n'en a jamais rien fait. Le voilà propulsé aussi haut que peut l'être un entraineur français. En 2006, également, il a certainement loué grâce à Dieu en voyant dans sa chambre d'hôtel le coup de boule de Zizou -qui rappelons-le, selon les « chefs de nous » alors en campagnes présidentielles, avait défendu les valeurs de sa famille pour l'un, ne pouvait pas être condamné pour une erreur pour l'autre, oui, une autre époque où il faisait bon de soutenir le PLUS riche des footballeurs français. En voyant le coup de boule, à tête reposé, il a dû se dire, « merci seigneur, personne ne me demandera pourquoi nous n'avons pas gagné contre une Italie bouillie avant même l'heure de jeu, pourquoi quand Vieira se blesse, je fais entrer Alou Diarra qui n'a de Vieira que la taille et la couleur de peau, pourquoi je n'ai pas lancé par exemple Vikash et sa caméra, lui au moins savait où se trouvait le but à attaquer, pourquoi je suis resté à une pointe jusqu'au tirs au but, pourquoi je n'ai pas essayé de gagner le match. Merci seigneur, merci Zizou – c'est la même chose non? Si? Tant pis. En 2008, il a senti qu'il devait un peu forcer le destin alors il a demandé sa femme en mariage. Gossip Girl faisant plus d'audience qu'Olive et Tom encore diffusé le midi sur la chaine manga – pas un public très nombreux, seuls quelques érudits – on a dû se contenter de ça. Ah oui, pardon, j'oubliais, il s'était ml exprimé, déjà, il préparait la Coupe du Monde 2010. Oui, maintenant on peut rire ou pleurer, c'est au choix. En novembre 2009, il y a « la main de Thierry Henry ». Ouh le tricheur. Que celui qui n'a jamais fait de main lève la main ! Raymond s'en fiche, c'est une aubaine pour lui. Personne ou presque ne parle du match catastrophique de son équipe, non, la main est bien plus importante. L'occasion pour Rosy et ses potes de se refaire la cerise en pleines période d'écoulement des stocks de vaccins contre la grippe A est trop belle. Le peuple aussi, fièrement représenté par Christophe Dechavanne se défoule sur ses milliardaires expatriés qui ne font que taper dans un ballon de foot. Hey, l'immunité Johnny Halliday c'est pas pour tout le monde, ça se mérite ! Raymond lui, il s'en fiche, on le laisse tranquille. Il peut saluer sa boulangère, discuter avec le boucher, et puis de toute façon il a Estelle, pas Wahiba, alors pas besoin de fréquenter les putes.

Et puis vient 2010. Encore ces milliardaires, qui en plus d'être nuls, font grève. « Nan mais oh les gars, vous êtes des soldats de la nation, celle qui débat de son identité nationale et plus récemment du multiculturalisme, celle qui a un hymne national violent, guerrier, vous n'êtes plus des footballeurs, vous n'êtes plus des hommes ». Après tout, on parle de mutins n'est-ce pas? De soldats qui désobéissent aux ordres du général Domenech. De soldats ingérables étonnamment doux face à des généraux crédibles du style de Wenger, Capello, Fergusson, Guardiola, Hiddinh, Ancelotti, Deschamps, Puel, Casanova. Des soldats aujourd'hui mis au pas avec Blanc. De la mauvaise graine en somme. Cela me fait penser à ce livre, « La part de l'autre » d'Eric Emmanuel-Schmitt, ou comment une même personne peut en fonction de circonstances différentes devenir un monstre ou une personne de bien. Raymond a dit « je me suis peut-être trompé sur les joueurs ». Non Raymond! Bon, il est vrai que tu aurais pu mettre un peu plus de couscous-merguez dans ta sélection. Mais dans l'ensemble tu as fait les choix qu'il fallait. Mais pourquoi Abidal dans l'axe, du jour au lendemain? Pourquoi Ribéry à gauche, du jour au lendemain? Pourquoi Diaby titulaire, du jour au lendemain? Pourquoi Henry sur le banc, sans capitanat, sans leadership, mieux, derrière Gignac et Cissé – LOL – dans la hiérarchie? Pourquoi faire de ton homme le plus expérimenté un sans-grade pour ensuite lui demander de l'aide lorsque tu prends conscience que tu ne maitrises plus rien? Pourquoi Evra capitaine, alors que jusque là le vice-capitaine était Gallas? Pourquoi un changement de schéma avant le mondial? Pourquoi avoir attendu 5 matchs pour comprendre qu'Anelka ne pouvait ou ne voulait pas jouer en pointe? Pourquoi Raymond? C'est toi qui nous a expliqué que tu préparais l'avenir en 2008? Pourquoi pas de Nasri, pas de Benzema, pas de Ben Arfa?

On a tendance à l'oublier, mais avant l'épisode du bus, la France était déjà éliminée de la compétition. Oui, je sais mathématiquement, c'était encore possible. Je gagnerai peut-être à l'Euromillions vendredi. C'est que le vrai problème était bien antérieur, non? A moins que la fonction sportive n'est pas la première des priorités de l'équipe de France de football, et là c'est moi qui ne comprend rien. Les joueurs auraient dû mettre leur égo de côté? Mais l'égo est une part importante du grand champion. Je me souviens de la tête de Zidane en 2006 quand Domenech le fait sortir, que Trezéguet récupère le brassard pour le donner à Thuram ou Vieira qui tous deux disent « non » de la tête, et fini par le mettre le sourire aux lèvres l'air de dire « c'est n'importe quoi ». Déjà... Quelqu'un m'a dit un jour, hier en fait « oui mais regarde Eto'o il a joué arrière droit avec l'Inter et il n'a rien dit ». Sans débattre de ce positionnement qu'il n'a réellement eu que lors du match retour contre Barcelone dans des circonstances particulières, ce qu'a fait Eto'o, il l'a fait pour Mourinho, un coach crédible qui parle de football, il ne l'aurait jamais fait pour Domenech.

Huit mois plus tard, rien de neuf. On n'en sait pas plus, et je crois que l'on n'en saura jamais plus. Raymond a au moins ce talent ou cette chance, dans 10 ans, on oubliera qu'il était un entraineur vraiment bidon, on se souviendra juste que des noirs et des musulmans ont pris en otages des gamins apeurés dans un bus. Ah, la mémoire collective...

Junichi.