jeudi 31 mars 2011

Ce sport collectif...

Je pense que le moment est bon pour rappeler à tous que le football est un sport collectif. Un sport dans lequel le collectif met en avant ses plus brillantes individualités, mais un sport collectif avant tout. J'insiste sur la notion de collectif parce qu'elle s'est perdue en même temps que l'individualisme et l'égoïsme dans notre société se sont développés. On a oublié que c'était un sport collectif, et les matchs sont analysés – très mal – par des pseudos experts du point de vue de l'individualité. Malheureusement, ceux qui ont les plus belles tribunes ne sont pas toujours les plus compétents. Allez, au hasard, le premier nom qui me passe par la tête, Pierre Ménès. Bon, je suis peut-être dur, il bosse sur canal, quelque part il est payé pour faire le guignol, tailler n'importe comment – on dit sniper? - et faire semblant d'être objectif quand il défend Gourcuff, le fils de son pote Gourcuff. Il a dit cette phrase ahurissante : « si ils avaient tous joué aussi mal que Gourcuff, la France aurait mis 6 buts ». Mon Dieu. Commentaire basique de footix, un but t'épargne une réflexion sur le véritable contenu de ton match. Ah. Ce même type, sur son blog – là où la liberté de ton est en principe plus grande – nous explique que Diarra et Matuidi ont fait un grand match. Ok. La même performance réalisée par Toulalan et L. Diarra sous Domenech aurait été vilipendée. Mais je m'écarte de mon objectif, qui est de rappeler que le football est un sport collectif avant tout. Et puis faire de la pub aux incompétents de son genre...

Le collectif – et par collectif on comprend la relation et la complémentarité des joueurs les uns avec les autres –, parlons-en. Aux dernières nouvelles, la défense des Bleus, est solide, c'est du béton. Le bloc offensif par contre, c'est pas du tout ça. Jusque là, ce sont des points de vues que je partage. Si on approfondit un peu la réflexion, on précisera également que l'équipe est en construction, et que construire une défense est bien plus facile que de construire une attaque. Il m'est arrivé de faire des entrainements sur une demi-moitié de terrain, et d'évoluer dans une situation de 11 contre 6. Croyez-le pour ceux qui l'ignorent, on ne voit que très peu de buts dans ce genre de confrontation lorsque les 6 défenseurs sont en place. Défendre est ce qu'il y a de plus simple et c'est pour cela qu'on y met souvent les joueurs les moins doués. Un hargneux peut parfois faire l'affaire, demandez à Cris de faire 50 jongles... Et puis si on approfondit encore la réflexion, on se dit également que si l'équipe de France est solide défensivement, ce n'est pas le seul fait des 4 défenseurs et d'Hugo Lloris. C'est aussi Benzema, qui presse, harcèle, se replace, idem pour les autres milieu de terrain. Autrement dit, c'est un effort collectif cohérent. Et parce que cet effort collectif est cohérent, Mexès et Rami tirent leur épingle du jeu. Yaya Touré n'est pas un défenseur central, mais s'il a pu être performant à ce poste lors de deux finales, c'est parce que devant lui, le collectif a été performant. Etc. L'animation offensive de l'équipe par contre...

Et bien l'animation offensive de l'équipe, c'est PAREIL ! Et cela est d'autant plus vrai quand on a une équipe qui a la volonté de repartir de derrière en jouant au sol. Cela signifie que Lloris, Mexès, Rami etc, deviennent au départ du ballon, les premiers attaquants de l'équipe. L'ennui est que lorsque l'on parle de l'animation offensive, on se focalise sur Gourcuff, Nasri, Benzema and co. Bien entendu que les individualités doivent être questionnées, mais pas avant le collectif. Et posons nous les bonnes questions. Est-ce que le collectif Bleu est suffisamment fort aujourd'hui pour se projeter vers l'avant? Est-ce qu'il a suffisamment de références? Les joueurs jouent-ils, pensent-ils le même football? Parce que le jeu offensif d'une équipe est une question de références, de compréhension du jeu. Aujourd'hui on a des références différentes les unes des autres, des joueurs qui pensent le football différemment les uns des autres – ce qui est encore plus flagrants vu du stade. Avant de se demander si untel a été bon ou mauvais, il faut se demander si le collectif l'a mis en situation d'être bon. C'est le cas de Lucho à Marseille par exemple. Je me souviens de Messi, incapable d'éliminer en un contre un avec l'Argentine, ce qui serait à l'échelle de Gignac une incapacité à lacer ses chaussures. Et une semaine après, il effaçait les joueurs comme on élimine des plots avec son club.

Ne nous focalisons pas que sur les joueurs offensifs, essayons de comprendre ce qui n'a pas fonctionné. La première relance a-t-elle été bonne? Je ne vous parle pas du nombre de ballons perdus, du nombre de relances « utiles ». Cette relance qui élimine une ligne, celle des attaquants adverse. Quasi nulle. Rami et Mexès ont échangé. Rami et Reveillère également, ainsi que Mexès et Clichy. Autrement dit, une première relance peu intéressante. Les deux milieux défensifs ont-ils été utiles? Sur le plan défensif, sûrement. Sur le plan offensif, non. Une fois – j'ai revisionné le match – Mexès a donné le ballon dans l'intervalle à Diarra, qui entouré par deux joueurs croates, chacun à 4 mètres, a préféré la redonner à Mexès. Il faut donc comprendre qu'il était dans un intervalle de 8m au moment où il a touché la balle, c'est ÉNORME ! Mais le garçon est incapable de se retourner, de jouer, d'effacer une autre ligne sur un déplacement ou une passe. Et là, attention, je n'accuse pas Diarra, je dis juste qu'il n'a jamais su le faire, et qu'il n'y a aucune raison qu'il le fasse dans le futur. L'ennui, c'est qu'à côté de lui, il y avait Matuidi. Autrement dit, deux joueurs qui sont bons quand l'équipe n'a pas le ballon. Dans le cas inverse, cela devient plus difficile pour eux. Encore une fois, si Blanc avait la certitude de faire de Diarra un titulaire indiscutable, il lui aurait confié le brassard définitivement depuis longtemps. Donc cette incapacité de toucher le tiers offensif de l'équipe s'est traduite par un Nasri qui est descendu chercher les ballons. Pas parce qu'il a besoin de toucher le ballon, parce que le ballon n'arrivait pas. Le problème, est que si Nasri joue sur la même hauteur que Diarra et Matuidi, c'est qu'il n'est pas plus haut là ou sa présence est nécessaire. Mais passons encore, une fois que le garçon a le ballon, que se passe-t-il? Rien. Par rien j'entends pas de mouvement – encore plus flagrant au stade, comme toujours. Combien de fois a-t-on vu Menez ou Malouda rentrer dans l'axe, occuper l'espace vide, et le latéral dédoubler? J'ai arrêté d'essayer de compter après la 60e, sûrement une erreur car l'entrée de Ribéry a un peu changé la donne. Toujours est-il, que pas ou peu de mouvements, pas ou peu de solutions, pas d'animation offensive. Est-ce la qualité des joueurs que l'on doit remettre en jeu? Ou plutôt leur complémentarité et leurs automatismes? Je vous laisse choisir. L'action qui symbolise cela est celle de la 27e minute en première mi-temps. Nasri décale Menez et va pour dédoubler, et lorsqu'il arrive à hauteur de Menez, celui-ci accélère, déborde et centre. C'est le plus bel exemple de la course inutile – celle de Nasri – et de l'absence de repère de jeu commun. Course inutile parce qu'elle ne crée rien, n'apporte rien puisqu'en accélérant Menez l’annule. Soit Nasri ne doit pas aller dédoubler, soit Menez doit fixer, faites votre choix, j'ai fait le mien. Mais c'est l'un ou c'est l'autre.

Alors bien sûr, une fois qu'on s'est posé les bonnes questions, on peut se tourner vers des considérations inividuelles. La plupart du temps, dans ce genre de situation, je ne tire aucune conclusion sur aucun joueur. C'est d'ailleurs pour cela que je n'ai pas participé aux notes du match contre le Luxembourg, ou plutôt en mettant 5 à tout le monde. Pour être signalé dans ce genre de contexte, il faut soit avoir été bien au-dessus des autres, soit bien en-dessous. Sur ce match, hormis Malouda qui erre comme il l'a presque toujours fait en équipe de France, personne n'est sorti du lot. Rami, peut-être? Allez, disons Rami, et encore, je le dis très péniblement.

Beaucoup de gens pensent le Barça si fort seulement parce que Xavi, Iniesta, etc. Si le Barça est aussi fort, c'est parce que la relance de Piqué, de Puyol et même de Valdès est excellente. Parce que le relais qu'offre Busquets est de très haut niveau, et ce n'est pas un hasard si Guardiola a toujours préféré la technique de Busquets à la puissance physique de Yaya Touré. On me dira que c'est le Barça. Je vous répondrai que c'est Blanc qui veut s'en inspirer, pas moi. Et si 'on veut juger notre équipe par rapport à un projet de jeu annoncé, faisons-le correctement.

Junichi.


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